Par Siana, le 26/05/2023
Il y a quelques mois, déjà, j’ai souhaité accroître ma productivité et trouver une meilleure organisation. J’ai cherché des techniques, mais celles dégotées sur le Net n’ont pas suffi. La méthode Pomodoro me coupait dans ma lancée, fixer des plages horaires aggravait ma procrastination, et le carré de chocolat comme récompense… j’en mangeais trois avant d’écrire le moindre chapitre !
Oui, chez moi, forcer la discipline s’avère contre-productif. Plus j’insiste dans ce sens, plus je me démotive et je repousse les tâches au lendemain, donc moins j’obtiens de résultats. Embêtant, n’est-ce pas ?
Bien sûr, tous les profils créatifs n’ont pas forcément ce genre de problème, et c’est tant mieux. Mais si vous éprouvez aussi des difficultés avec les techniques classiques de productivité, je vous en propose d’autres plus ciblées et spécialisées dans cet article. En trois mots, nous allons parler de passion, de créativité et de flexibilité !
Œuvrer pour la bonne raison
Parmi les techniques récurrentes que l’on croise ici et là, en matière de productivité, j’ai subi de nombreux échecs. En plus de ceux cités plus haut, il y a eu : la todolist à rallonge qui m’abrutissait, fixer une durée par tâche qui débordait sans cesse, le bullet journal abandonné dans un coin, me lever plus tôt le matin… échec critique ! Bref, avec tout ça, j’ai souffert de longues années d’improductivité déprimante et culpabilisante. J’en suis sortie quand j’ai enfin compris mon vrai besoin.
À un moment où j’en avais marre de tous ces échecs, j’ai fini par ressentir en moi la différence entre deux besoins : travailler et aimer travailler. Or, toutes les méthodes listées ci-dessus me dérobaient sournoisement le verbe aimer. Ce qui est quand même paradoxal quand on a un « métier passion » ! C’est vrai, quoi… si on retirer le verbe aimer, qu’est-ce qu’il nous reste ?
Ce jour-là, j’étais perdue entre mes « il faut » et mes « je dois », à propos d’un chapitre quelconque à écrire. Je me suis retrouvée debout devant ma chaise de bureau, complètement figée, en train de me demander « Mais pourquoi « il faut » ? Pourquoi ne pourrais-je pas juste écrire parce que j’aime écrire, ou parce que j’en ai envie ? ».
Dans ma tête, la petite voix de la génération précédente m’a répondu « Parce qu’il faut bien travailler ! ». Oui, mais si j’écris juste « parce que j’aime écrire », j’atteindrai mes objectifs aussi. Et là, ce fut magique ! J’ai compris que la raison pour laquelle on travaille sur notre activité créative importe peu, on a juste besoin d’une raison qu’on aime. Une raison qui empêche notre passion de se transformer en corvée !
Depuis, je suis beaucoup plus productive, plus rapide, plus concentrée, plus efficace, notamment sur mon ratio temps passé/quantité de mots écrits. Cependant, il y a un petit truc tout léger et pétillant qui enraye encore souvent la machine…
Pourquoi les conseils classiques ne marchent pas
Si les méthodes traditionnelles de productivité et d’organisation peuvent nous retirer le verbe aimer, il y a aussi une autre raison à leur manque d’efficacité chez les profils créatifs. Il s’agit de notre principal outil de travail, celui dont il est impossible de se passer : la créativité !
Eh oui, vous aurez beau avoir préparé un joli planning de travail, votre créativité ne sera pas forcément apte à le suivre à la lettre. Par exemple, le temps estimé pour une tâche peut doubler, voire tripler, quand votre imagination s’emballe. J’ai ajouté des scènes à des chapitres, j’ai modifié les caractéristiques d’un personnage ou d’un lieu dans une scène… Bref, le moindre changement demande du temps en plus. Mais ça, vous pouvez rarement le calculer avec précision. Même en prévoyant une marge de temps supplémentaire, vous vous retrouverez parfois bien au-delà !
Pareil quand vous bloquez sur une étape de votre travail créatif, quel qu’il soit. Notre imagination a souvent besoin d’une pause, d’une réflexion intense, ou bien de chercher l’inspiration qui lui manque. Mon expérience m’amène à penser que les meilleures idées sont celles qui ont longuement mûri, parce que c’est le temps qui leur permet de s’épanouir jusqu’à leur plein potentiel.
En fin de compte, la créativité n’en a rien à faire de notre productivité et de notre organisation. C’est un électron libre. On aura beau essayer de la forcer ou de la stimuler, ça ne suffira pas toujours (et vive la frustration !). Quand vous êtes en plein blocage, le plus simple est donc d’en revenir aux bases. Les seules qui conviennent à tout le monde : se fixer des objectifs clairs et raisonnables (la fameuse technique SMART), hiérarchiser ses tâches (matrice d’Eisenhower), diviser ses objectifs en sous-objectifs pour nourrir votre sentiment d’accomplissement, comparer sa productivité entre le matin et le soir ; et puis bien sûr : se reposer, prendre soin de soi, améliorer son alimentation, faire du sport, méditer, s’auto-féliciter.
Sans oublier… la procrastination ! Oui, oui, vous avez bien lu, je vous encourage fortement à procrastiner ! Ce défaut n’est pas si méchant qu’on le pense, en vérité. Du moins, pas pour nous…
La procrastination est une source d’apprentissage
Quand votre créativité s’enraye, procrastinez ! Quand vous souhaitez vous détendre, procrastinez ! Quand vous avez la flemme de travailler, surtout, procrastinez ! Mais pas n’importe comment…
Vous êtes un esprit créatif, alors consommez des contenus créatifs, de l’art, tout ce qui peut nourrir votre imagination. Lisez des romans, des mangas, des BD, regardez des films ou des séries, visitez des musées, des expositions, des vernissages, scrollez sur les réseaux d’autres artistes, discutez même avec eux si le cœur vous en dit. L’important, c’est l’intérêt et l’utilité de cette soi-disant procrastination. Vous aurez l’impression de ne pas avoir complètement perdu votre temps. Ce sera une forme de procrastination satisfaisante.
Personnellement, en tant qu’autrice, je ne culpabilise plus quand je lance Netflix. Je me dis que, au mieux, j’apprendrai quelque chose, et au pire, je me serai juste détendue. Dans les deux cas, je suis gagnante. Et mine de rien, je prends souvent des notes ! Une intrigue au twist surprenant, un personnage à la caractérisation fascinante, une question morale qui mérite réflexion, une technique d’écriture intéressante…
Dans notre société actuelle, on a pris l’habitude de décrier la procrastination. J’ai vu plusieurs gourous de la productivité affirmer qu’il faut cesser toute distraction, arrêter de regarder des séries afin de travailler plus ou de mieux se concentrer. Sauf que, pour nous, c’est différent. Si j’arrête de regarder des films ou des séries, j’arrête d’apprendre ce qui fait le cœur de mon métier ! Ou du moins, je me prive d’un support d’apprentissage pertinent.
Donc revendiquez votre droit à la procrastination pour nourrir votre créativité. Choisissez juste les divertissements dont vous avez besoin. Vous pouvez regarder de la téléréalité… si ça vous permet d’affiner les relations houleuses de vos personnages de roman ! Optez pour la procrastination utile, transformez-la en outil d’apprentissage et de développement de vos compétences.
Maintenant qu’on a abordé les points abstraits de la productivité, je vous propose quelques notions d’organisation plus concrètes…
La flexibilité est la clé
Pour éviter de froisser votre verbe aimer et votre créativité, il existe un truc super : la flexibilité. En effet, une organisation trop rigide est impossible, puisque notre créativité n’en fait souvent qu’à sa tête (pour notre bien !) et qu’oublier le verbe aimer revient à faire des corvées (avec risque de blocages). Pour y remédier, découvrez l’art d’insuffler du « parce que j’ai envie » dans le « il faut » !
En premier lieu, basez-vous sur l’une des techniques classiques. Si vous voulez être productif, vous avez besoin d’un cadre « il faut » malgré tout. On va juste l’assouplir, ensuite. Pour établir ce cadre, je vous conseille de commencer avec la matrice d’Eisenhower. Ce tableau permet de trier vos tâches selon les critères urgent/peu urgent et important/peu important. On conseille souvent de déléguer ou supprimer les tâches peu urgentes et peu importantes mais, en pratique, vous ne pourrez pas toujours.
Une fois ce tri effectué, définissez le top 3 de vos objectifs importants du mois, et assurez-vous qu’ils soient : précis, mesurables et raisonnables. En fait, on va se rapprocher de la technique SMART sans y coller entièrement. C’est à partir de là qu’on commence à ajouter notre touche de flexibilité ! Et cette dernière tient en deux actions simples : choisir et ajuster.
Quand vous planifiez votre semaine de travail, dressez simplement la liste des tâches à faire. La majorité d’entre elles doit correspondre à l’un des trois objectifs mensuels. On évite ainsi de s’éparpiller ! Vous obtiendrez alors une todolist à choix. Chaque jour (le matin, ou le soir pour le lendemain), vous pourrez choisir 5 tâches à effectuer selon le credo « Je fais quoi, aujourd’hui ? ». La flexibilité, c’est ensuite de pouvoir choisir à tout moment parmi ces 5 tâches « Je fais quoi, maintenant ? ». Bien sûr, vous pouvez aussi commencer chaque matin par votre priorité ultime, afin de ressentir la satisfaction de votre avancée toute la journée. Le seul point d’attention, c’est le nombre de tâches de votre journée : préférez moins à trop, car au lieu d’en reporter à plus tard, vous commencerez celles du lendemain !
Après cet exercice, vous entrevoyez peut-être déjà le coût de la flexibilité. Malgré tout, votre créativité en a besoin… Donc ajuster, ça comprend plusieurs choses : accepter que votre travail peut prendre plus de temps que prévu, prévoir de plus grandes marges de temps de travail et les réviser régulièrement (à chaque projet, à chaque changement), mesurer votre temps de travail afin de définir vos hauts et vos bas, tester votre rythme de travail à différents horaires. Régulièrement, demandez-vous si vous êtes dans les temps, estimez votre dépassement horaire, puis reportez-le sur votre planning prévisionnel. Parfois, vous aurez le choix entre repousser la date de fin de votre projet ou un autre objectif moins urgent/important. Mais attention, aussi : ajuster continuellement son planning est une source de procrastination peu intéressante. Faites-le une ou deux fois par semaine, grand max.
L’important, c’est que votre planning de travail puisse profiter des ajustements essentiels. Comme quand vous avez une idée créative et qu’elle évolue en cours de route. Vous ajustez selon vos besoins, et de manière utile, afin d’aboutir au meilleur résultat.
Dans tous les cas, vous aurez besoin de trouver votre propre rythme de travail, une organisation qui vous convient et qui laisse la part belle à votre créativité. Le dernier mot, le plus important, c’est : testez ! Il n’y a rien de mieux pour se découvrir plus productif qu’on le pensait, sans travailler plus !
Si vous avez déployé d’autres astuces d’organisation ou de productivité dans votre quotidien, n’hésite pas à les partager en commentaires pour aider les autres créatifs !
Mais si vous prenez conscience que vos blocages sont plutôt dus à un manque de confiance en soi, je vous suggère de transformer l’échec en force pour ne plus en souffrir !
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