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Le Reflet Brisé : surmonter l’abandon pour trouver sa place dans le monde

Par Siana, le 15/04/2023

En sortant d’une période difficile, on souhaite parfois prendre sa revanche sur la vie. On a besoin de récupérer un peu contrôle, de ressentir de nouveau la joie des moments heureux. On se demande alors comment faire, mais la réponse est rarement évidente… Les personnages du roman « Le Reflet Brisé » de Nina Gorlier (Magic Mirror éditions) nous offrent le témoignage d’une revanche douce-amère, sur un chemin de rédemption tortueux qui ne laisse pas leurs émotions indemnes.

La reine Kirsten, le prince Weiss et le chasseur Kai ont chacun leur vécu, leurs douleurs, et surtout un passé trouble qui biaise leur jugement et leurs choix. Ils se rejoignent sur la thématique centrale du roman : comment surmonter la douleur de l’abandon puis trouver sa place dans le monde ? Ainsi, chacun à leur façon, ils répondent à ce « comment ? » qui taraude les esprits blessés par le rejet. Et ce qu’ils apportent avec leur histoire… c’est avant tout un message d’espoir !

2 bonus inédits ci-dessous : une interview exclusive de l’autrice, Nina Gorlier, pour compléter l’article de manière intéressante  (merci beaucoup à elle !) ; et pour les auteurs, une petite technique d’écriture de ce roman expliquée en fin d’article !

Spoilers : quelques éléments sur le passé et les relations des personnages, rien sur l’intrigue.

 

Le refus d’une place nourrit la douleur

Dans « Le Reflet Brisé », la douleur de la reine Kirsten est un gouffre sans fond. Dès le début, elle part perdante, avec une hideuse cicatrice qui la défigure. Mais les besoins d’un royaume sont plus importants qu’une difformité… Au nom de la paix, la fillette qui a passé son enfance dissimulée dans un couvent est brusquement poussée vers un mariage arrangé. Elle y va à reculons, sans plaisir. Car après tout, une défigurée comme elle n’aura jamais d’autre opportunité de devenir quelqu’un ! C’est du moins ce qui l’incite à accepter l’union.

Kirsten savait donc que ses premiers jours en tant que reine seraient difficiles. Toute la cour royale la dévisage avec dégoût quand elle doit montrer son visage, puis on chuchote dans son dos. Préparée, Kirsten tente de faire valoir sa force : son intelligence. Ayant lu des ouvrages de philosophie et d’Histoire, elle espère montrer qu’elle sait concourir à l’entente entre les royaumes, que son pouvoir politique appuiera son époux.

Malheureusement, les humiliations publiques ne faiblissent pas, et même le roi y contribue. Cela nourrit le ressentiment de Kirsten, en particulier lorsqu’elle entend parler de l’ancienne reine que tout le monde adorait et admirait… Cette femme magnifique dont le portrait est accroché au château. Kirsten en vient à désirer être elle aussi reconnue, belle, aimée. Après tout, elle est reine, non ?

Non… l’étrangère ne recevra pas sa consécration publique. Malgré son aide sur quelques affaires politiques, son origine lui vaut aussi du rejet. Elle est rabaissée au rang de « rien ». Elle n’est reine que de mariage, non-légitime aux yeux de tous et subissant le mépris pour cela. Voilà qui est frustrant… et qui lui donne envie de prouver sa valeur, de conquérir sa propre légitimité ! Une petite voix de son passé lui souffle qu’elle était peut-être destinée à de grandes choses… Pourquoi ne pas l’écouter ?

Peu à peu, Kirsten comprend que si elle continue d’accepter les brimades de la cour, elle restera dans l’ombre du roi. Elle ne sera plus qu’une suiveuse, au mieux, ou un bouc-émissaire, au pire, et tout le monde finira par l’oublier. Guidée par ses souvenirs d’enfance, elle prend doucement conscience de sa propre existence et de sa place quand celles-ci se retrouvent menacées. Alors, elle décide de conquérir son propre trône !


Question à l’autrice :

« Le Reflet Brisé » nous plonge dans la vie dramatique de la méchante reine de Blanche-Neige. Comment as-tu travaillé sur cette adaptation du conte en roman ?

Nina Gorlier :

Je savais dès le début que je voulais écrire sur la figure de la Méchante Reine car ce personnage me fascinait dans le conte : comment une femme pouvait gouverner seule, sans homme à ses côtés (le père de Blanche-Neige étant absent du conte). Comment en était-elle arrivée jusque-là ? La thématique d’une femme au pouvoir était donc l’idée de départ, mais des modifications étaient nécessaires pour le passage du conte au roman. Par exemple, la motivation des personnages. Une femme prête à tout pour rester la plus belle, je trouvais cela trop simple et superficiel pour un roman. J’avais besoin d’explorer cette idée, la développer et même la réinventer. D’où le choix de défigurer Kirsten. Si elle n’a jamais été belle et qu’on lui reproche cette laideur dans une société des apparences, alors son rapport à son reflet prendrait une importance majeure : jalousie, dégoût, vengeance sur la vie… Le désir de devenir la plus belle se construit en parallèle autour du désir d’obtenir plus de pouvoir. L’histoire de Kirsten, le drame de sa vie, c’est surtout une histoire d’ambition.

 

Trouver sa place sans vaincre la douleur

Dans la lutte de pouvoir de Kirsten, ceux qui s’élèvent contre elle se transforment vite en ennemis à abattre. L’échiquier se dresse, réellement, sous ses mains. La seule pièce à troubler son ambition est Weiss, le jeune prince dont elle tombe amoureuse. Le seul homme à lui offrir de la sympathie, dans ce monde qui la rejette ! Weiss lui donne enfin l’impression de vivre et d’exister par elle-même, d’être quelqu’un. Mais cela a un revers… Dès qu’elle sent l’amour de l’autre lui échapper ou la rabaisser au rang d’ombre, de suiveuse, Kirsten réagit violemment. Pour elle, l’amour devient lentement une faiblesse.

Mais sans amour, Kirsten se forge le masque d’une reine froide, autoritaire, arrogante et égoïste… Il est parfois difficile de savoir si ses émotions sont réelles ou simulées, de saisir ce qu’elle pense vraiment, de comprendre la raison de ses actes. D’ailleurs, elle veut mater les émotions puériles des gens de la cour qui l’insultent dans son dos, elle devient parano des complots, y compris envers de pauvres innocents qu’elle blesse dans son tourbillon de folie.

Et qui l’aimerait ainsi ? Sa servante la plus fidèle ? Non, celle-ci lui voue une admiration sans faille seulement grâce à la sécurité que sa place à ses côtés lui procure. Et en retournant la question, d’ailleurs : Kirsten a-t-elle réellement aimé quiconque ? N’est-elle pas seulement portée par son besoin d’exister dans le regard des autres ? Par l’appétit insatiable de son manque affectif ? Au point de se scarifier pour récupérer l’attention de ceux qu’elle aime, au point de faire disparaître les têtes royales qui la repoussent dans leur ombre ? Difficile à savoir… Chaque lecteur se fera son jugement.

Quand j’y réfléchis, j’en arrive à une conclusion glaçante et triste : Kirsten n’a jamais appris à aimer. Elle n’a qu’un besoin obsessionnel d’exister, poignardant ceux qui osent le lui refuser. Elle goûte au plaisir de posséder et de surpasser, jusqu’à ne plus pouvoir s’arrêter. Et quand elle n’a plus d’adversaire, elle se retrouve face à son propre reflet dans le miroir, contre lequel elle tente en vain de se dédouaner et de justifier ses erreurs.

Cela dit, c’est en creusant son chemin de ses doigts sanglants que Kirsten finit par trouver sa place. Impitoyable avec qui menace son trône, elle sait au moins écouter et aider les petites gens. Elle a conquis son titre de reine et le mérite enfin, au moins aux yeux du peuple.


Question à l’autrice :

Kirsten n’est pas la seule femme à essayer de trouver sa place au milieu des hommes. Comment envisageais-tu la place des femmes dans ce roman, et notamment de la reine sanguinaire ?

Nina Gorlier : J’ai fait le choix de transformer Blanche-Neige en prince pour interroger sur les privilèges qu’un homme peut avoir sur une femme dans un royaume patriarcale (l’opposition entre Kirsten et Weiss prend donc une tournure différente que l’opposition entre la Reine et Blanche-Neige). Mais du coup, le nombre de personnages féminins était considérablement réduit, ce qui ne me plaisait pas. J’ai donc peuplé la cour de Steinburg de courtisanes, chacune ayant un rapport au pouvoir différent. Il y a celles qui sont nées dans la noblesse et celles qui ne sont parties de rien. Il y a celles qui le refusent et celles qui le poursuivent. Leurs relations étaient très intéressantes à écrire : allaient-elles tomber dans le piège d’une rivalité féminine ou, au contraire, s’allier et faire preuve de sororité ?

Quand la place est douloureuse

Parlons maintenant des hommes qui s’immiscent dans la vie de la reine…

La douleur vient tôt au prince Weiss. Le décès de sa mère, quand il est jeune, le fait sombrer dans un sentiment d’abandon profond. Il cherche alors le soutien émotionnel de son père, sans succès. Ce dernier se borne à le considérer comme l’héritier à protéger et non le fils qu’il devrait aimer. Comment Weiss pourrait alors combler le vide, si son père ne l’y aide pas ? C’est pourtant la seule chose dont le prince a besoin. L’amour familial. Aussi, quand il parle à sa cousine de « solitude au milieu des courtisans », elle ne comprend pas son besoin impérieux de vivre autre chose que les relations superficielles de la cour.

Kai, de son côté, est un étranger aux yeux de tous. Sa mère provient d’un pays lointain et il a hérité de ses traits. Chasseur hors pair et vagabond, il ne se sent donc à sa place nulle part sur le continent. Depuis qu’il a lui aussi perdu sa mère, Kai subit de la discrimination en raison de son apparence et cherche sans cesse des alliés. Il voyage avec le cœur aigri de celui qui se sent rejeté, avec la rage au ventre qui bouillonne de brimades reçues et de trahisons endurées.

Lorsque ces deux jeunes hommes se rencontrent, ils se comprennent donc facilement. Et leur amitié se soude bientôt, à l’évocation d’un passé que chacun préférerait oublier. En effet, ils n’ont pas le plus charmant des points communs : tous deux ont découvert des fautes graves de leurs pères respectifs. Des faits de violence qui les ont emplis d’un sentiment de trahison, rendant leur place initiale encore plus douloureuse.

Durant longtemps, Weiss a choisi de fuir la réalité et ses responsabilités. Il a navigué entre déni et dénégation, il s’est menti à lui-même pour éviter d’affronter l’horrible vérité qu’il a un jour entraperçue. Il y a même un véritable paradoxe dans son évolution : le prince souffre du manque affectif de son père, mais en même temps il le fuit pour oublier cette vérité. Il est partagé en deux. Mais à l’aube de sa prise de conscience, Wei ressent enfin de la rancune et se lamente d’avoir fui au lieu d’aider les victimes de son père. Il trouve la rage de vaincre et le courage de changer de place.

Kai aussi a subi le rejet, la violence et l’injustice de son père qui a refusé de le reconnaître et de l’aider lorsqu’il en avait le plus besoin. Il nourrit même un désir de vengeance envers lui. Comme Kirsten, il en vient à croire qu’il n’y a personne nulle part pour l’aimer vraiment, il considère rapidement les gens en noir ou blanc, avec ou contre lui. C’est plus facile à gérer, car sa colère le ronge à chaque voyage où il endure la difficulté d’être accepté partout où il va. Lui aussi souffre d’un manque affectif, d’un besoin d’exister aux yeux des autres, et pas seulement en tant qu’étranger à rejeter.


Question à l’autrice :

La plupart des contes traditionnels adressent une morale aux enfants. Or, « Le Reflet Brisé », nous narre l’histoire d’adultes en souffrance. Quelle serait la morale de cette réécriture de conte ?

Nina Gorlier : Question difficile à répondre car je n’ai pas voulu écrire « Le Reflet Brisé » comme un conte, donc je n’avais pas de morale donnée en tête. Je pense que c’est à chaque lecteur de tirer son propre jugement de Kirsten, Weiss et Kai. Je n’aime pas donner de réponses préconçues, je préfère bâtir mes personnages d’une telle façon et laisser mes lecteurs en juger. Certains ont adoré Kirsten, d’autres l’ont détestée. La fin elle-même se veut ambiguë, entre ce qui parait à première vue et ce qu’elle laisse en réalité envisager pour le futur. Est-ce une fin heureuse ? Un drame ? Tel personnage a-t-il gagné ou n’est-ce qu’une illusion ? A vous d’en décider. « Le Reflet Brisé », c’est avant tout une quête d’identité pour ces trois protagonistes, dans la thématique du reflet qu’on a de soi-même et de l’héritage (que l’on renie ou que l’on recherche selon les personnages).

Vaincre la douleur sans trouver sa place

Aussi, quand la reine Kirsten arrive, Weiss voit en elle une nouvelle mère, une nouvelle figure féminine aimante et protectrice qui pourrait enfin combler son vide affectif afin de l’aider à traverser son deuil. Heureux de cette rencontre qu’une vilaine cicatrice ne saurait freiner, il se rapproche d’elle pour mieux s’éloigner émotionnellement de son père. La reine comble ce que le roi ne peut lui apporter, et un peu plus encore, frôlant l’interdit. Mais lorsque leur relation commence à se dégrader, il en vient à se demander s’il n’a pas confondu l’ambition de la reine avec de l’amour. Puis, de nouveau, le sentiment de trahison émerge au moment où  il découvre la vraie nature de Kirsten. Pourra-t-il vraiment la ramener sur le droit chemin ? Et finalement, si la reine est vraiment coupable d’atrocités, comme le content les rumeurs, est-ce que la détester l’aidera à se battre contre elle ?

Las de leurs relations toxiques, Wei et Kai savourent leur amitié naissante. Ces deux âmes brisées par la vie n’aspirent qu’à la paix, au fond. Ensemble, malgré la fuite à laquelle ils sont contraints, ils apprennent à se connaître. Ils comprennent ainsi qu’ils n’avaient besoin que d’une seule chose : une relation équilibrée, de confiance. Et il suffit de deux aspirants à la paix pour trouver cette relation. Enfin, deux ou plus, pour former une nouvelle famille qui nourrira sainement ces manques affectifs qui les éprouvent tant depuis des années. C’est leur façon de vaincre la douleur, à deux, soudés quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte… même quand leur chemin croise et recroise celui d’une certaine reine sanguinaire !

Mais quelle place saisir, quand la reine Kirsten s’attaque à tous les prétendants au trône ? Peut-on vraiment encore trouver la paix, dans ce royaume ? Heureusement, une nouvelle relation, c’est aussi souvent un nouveau départ où tout reste à construire, y compris la place de chacun.

Question à l’autrice :

Weiss et Kai parviennent à s’en sortir grâce à leur soutien mutuel. Qu’as-tu souhaité transmettre aux lecteurs à travers leur relation ?

Nina Gorlier : Kai correspond au Chasseur dans le conte. Un rôle à l’origine assez mineur, que j’ai souhaitais développer au fur et à mesure de l’écriture de mon roman car je me suis beaucoup attachée au personnage. Sa relation avec Weiss était comme une évidence, construite en opposition de la relation entre Weiss et Kirsten. Car Kai est tout le contraire de Kirsten. Avec la Reine, Weiss est plongé dans l’illusion d’un lien qui repose sur un mensonge. Avec Kai, le prince est confronté à la réalité de son peuple, ce qui va lui permettre de comprendre ses privilèges et se remettre en question. Plus que cela, Weiss et Kai sont des personnages meurtris par la vie, qui vont trouver réconfort et compréhension dans leur rencontre. Tous deux ont perdu leur mère à un jeune âge, ce qui les a profondément marqués. Tous deux ont un rapport difficile avec leur père biologique, un héritage qui les fait souffrir. C’est pourquoi qu’ils finissent par graviter l’un autour de l’autre car, malgré leurs différences à la surface (leurs origines sociales, leurs nationalités) eux-seuls peuvent se comprendre aussi bien. Pour moi, ils sont l’exemple d’un amour sain, en comparaison d’une relation mensongère incarnée par Kirsten.

 

Découvrir sa force personnelle pour avancer

Vaincre la douleur et trouver sa place, séparément, ont chacun leur inconvénient. Néanmoins, chacun aiguise aussi des forces personnelles qui permettent d’avancer malgré le manque de l’autre.

Réussir à gravir les échelons a aidé Kirsten à gagner de la confiance en elle, suffisamment pour ne plus ressentir la gêne de sa cicatrice. Et puisqu’on reconnait enfin son titre de reine, elle prend de l’assurance. Le sang qu’elle a sur les mains, celui des courtisans de la cour, importe peu au peuple tant qu’elle entretient la paix et limite les famines. Comme pour sa servante, elle démontre au peuple qu’elle sait diriger un royaume. Si elle a dû se hisser dans le sang et la douleur, ses qualités sont enfin reconnues et utiles. Elle a donc la sécurité d’une place sûre, d’un pouvoir qu’elle contrôle. Seulement, sa douleur est toujours là. Kirsten a peu de personnes à qui se confier. D’une certaine manière, elle a créé sa propre « solitude au milieu des courtisans », afin de régner comme elle l’entend. Ainsi, elle cherchera continuellement à combler une vieille blessure… car ce n’est pas juste son visage qui est brisé, mais son cœur.

Weiss et Kai, de leur côté, affrontent ensemble la douleur de la vérité sur leurs pères respectifs. Leur rencontre débloque leur rage et libère leurs cœurs, ils retrouvent enfin ce sentiment d’union saine et de famille qui leur manquait. Ensemble, ils finissent par renoncer à certains destins, à certaines possibilités, afin de vivre différemment mais sans douleur. Leur véritable objectif se révèle très simplement : cesser les faux-semblants et les faux-espoirs, cesser les tromperies, les cachotteries, les complots, les trahisons. Ils préfèrent l’authenticité, les relations saines, l’amitié et l’amour sans fourberies. Ce choix est d’ailleurs ce qui les aide à avancer vers l’inconnu afin de se construire une nouvelle place, une nouvelle façon de vivre plus sereine. À eux deux, ils nous montrent que l’on peut décider de forger notre propre place, celle que l’on souhaite, afin de commencer une nouvelle vie !

Kirsten, Weiss et Kai ont donc chacun trouvé leur force personnelle pour en arriver là où ils le désirent, là où ils se sentent mieux. Aucun d’eux n’a une vie parfaite, mais ils ont tous évolué d’une manière positive malgré ce qu’ils ont perdu en chemin. Si la reine Kirsten continue de subir sa vieille douleur et la solitude, à cause du sang sur ses mains, elle fait une reine compétente et appréciée du peuple. Si Weiss et Kai ont quitté tout ce qu’ils avaient pour braver l’inconnu d’un avenir incertain, ils sont parvenus ensemble à affronter puis surpasser leur douleur.

Trouver sa place ou vaincre sa douleur apporte donc forcément quelque chose de positif, même quand on échoue à obtenir les deux à la fois. Un nouvel équilibre se crée, avec ses hauts et ses bas… Mais en apprenant à profiter des belles choses de cette nouvelle vie, l’espoir demeure que l’autre pièce de puzzle finira, elle aussi, par trouver sa place !


Question à l’autrice :

Peux-tu nous parler de ta force personnelle, ou de celle qui te tient à cœur chez tes personnages ?

Nina Gorlier : Je pense qu’une force commune entre Kirsten, Weiss et Kai est leur résilience. Chacun d’entre eux va traverser des épreuves et parvenir à y survivre. La différence, c’est la façon dont ces épreuves vont les impacter, les transformer. Pour certains, ce sera pour le meilleur, pour d’autres, ce sera pour le pire. Mais le plus important, c’est ça : qu’ils soient antagonistes ou non, ce sont tous des survivants. C’est une force que j’admire. J’ignore si je la possède aussi, mais en tout cas j’y aspire. C’est une qualité que j’apprécie beaucoup dans les personnages de fiction, que je vois parfois interpréter à tort. Pas besoin de se battre physiquement, de se rébeller ouvertement pour être fort. Parfois, un personnage qui endure en silence, qui sait rester bon et gentil malgré tout, c’est très beau à suivre. Ce n’est pas de la faiblesse, c’est une véritable force.

Maintenant, chers lecteurs, si ce roman vous intéresse, vous pouvez commander « Le Reflet Brisé » (de Nina Gorlier, chez Magic Mirror éditions) dans votre librairie préférée !

Si vous souhaitez lire d’autres articles similaires, découvrez les affres de la persécution et de la survie nomade dans le roman « Une promesse de givre » de Marine Sivan.

… Et le fameux bonus pour les auteurs : « Le Reflet Brisé » peut vous apprendre une technique d’écriture intéressante pour approfondir vos personnages ! En tant que grande amatrice des personnages à la psychologie développée, j’ai trouvé la technique de Nina Gorlier pertinente. En fait, je pense que nous sommes nombreux à l’utiliser, mais sûrement beaucoup moins à en avoir conscience. Pourtant, toute technique employée en connaissance de cause est nettement plus efficace ! Ainsi, les personnages principaux de ce roman ont tous 2 à 3 phases d’évolution. C’est-à-dire que leur passé comprend entre 1 et 3 événements marquants ET que chacun nuance le caractère du personnage concerné. Je trouve que l’on peut en faire un outil de vérification très pratique en 2 questions : Votre personnage a-t-il 2 ou 3 événements bouleversants dans son passé ? Quelle transformation lui apporte chacun de ces événements ? Et nous voilà avec un personnage de la trempe de la reine Kirsten, profond et surprenant !

À vrai dire, je crois que nous avons souvent la première question tête… mais que l’on oublie régulièrement la seconde. Je vous conseille donc de les noter afin de pouvoir y revenir. Vous n’aurez plus qu’à faire passer le test à chacun de vos personnages principaux et à combler les manques. Voilà un test de vérification facile, non ?

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